Qu’est-ce qu’un design permaculturel ?
Je propose depuis 2009 du conseil en aménagement permacole et des prestations de design à deux principaux types de publics : des agriculteurs souhaitant orienter leur exploitation vers des techniques à faibles intrants et respectueuses de l’environnement ainsi que des particuliers souhaitant atteindre un certain degré d’autonomie (alimentaire, énergétique, eau…) tout en développement une relation synergistique avec leur environnement.
Un design complet consiste en l’établissement d’une vision à moyen ou long terme de l’exploitation ou d’une surface définie ainsi que les éléments, les stratégies et techniques nécessaires à sa réalisation et à son fonctionnement. Plus précisément, cela comprend des plans de la propriété ainsi que des annexes détaillant la gestion holistique du projet : logistique, structures légales, des zooms sur les éléments clés ainsi que leur conduite (techniques choisies) et des stratégies de mise en œuvre et de maintenance.
L’originalité de la permaculture est de trouver les synergies nécessaires entre différents éléments d’une exploitation et de les implanter sur le site de manière fonctionnelle et efficace : réduction des intrants (énergie, nourriture, main d’oeuvre etc…) et utilisation optimale des sortants. Bien plus qu’une approche anthropocentrique, la permaculture propose avant tout un aménagement éthique qui respecte à la fois l’humain, son environnement (écologique) et promeut des échanges justes (commerce équitable et partage des surplus). Un autre point fort dans un design permaculturel, c’est que l’éthique est garante de la durabilité. La notion d’échelle importe peu, le bon sens n’a pas de limites et les principes de la permaculture peuvent s’appliquer à grande échelle. Ce que l’on trouve sous forme de zonage dans le design peut se lire dans l’aménagement du paysage par le passé, d’un Paris au 19ème ou des villes chinoises il y a encore peu : une ceinture maraîchère suivie d’une ceinture de vergers, puis des grandes prairies et des grandes cultures se terminant par une ceinture forestière et sauvage.
Le design en permaculture s’inspire des théories systémiques, ce qui signifie que le comportement de l’ensemble est plus que la simple addition du comportement des parties. Prenons un exmeple connu : trois monocultures de maïs, courges et haricots seront bien moins productives qu’une polyculture associée des trois, autrement appelé « les trois sœurs ». Dans ce cas, le maïs sert de tuteur aux haricots qui fixent l’azote (légumineuses) pour le maïs et les courges, le maïs offre une protection aux courges qui ne supportent pas le plein soleil d’été et les courges maintiennent un niveau stable d’humidité pour le maïs et les haricots (en couvrant le sol). Ce genre de synergie peut se trouver entre différents éléments d’un système : un verger associé à des volailles (elles éliminent les parasites, se nourrissent et fertilisent), des légumineuses, un rucher, des arbres de franc pied conduits en recépage, une haie entomofaune afin d’obtenir un rendement globale supérieur. C’est aussi ce que l’on retrouve dans les itinéraires techniques d’agroforesterie (une stratégie à la fois ancienne et du futur).
La phase déterminante dans le design, une fois les éléments sélectionnés, sera leur analyse détaillée (intrants, comportements et sortants) afin de prendre en compte un maximum d’ interactions symbiotiques entre les différents éléments du « système » : les déchets d’un élément sont les intrants d’un autre et les cycles sont respectés et encouragés (azote, phosphore, carbone, eau etc…). Certains outils, tel que le zonage et l’analyse des secteurs permettent aussi d’optimiser la gestion des flux dans le système. On parle bien souvent de biomimétisme ou d’écosystèmes cultivés, on s’inspire ainsi des modèles naturels pour produire efficacement et durablement. Ainsi, le design en permaculture tient autant compte des dernières recherches scientifiques, des pratiques sages des sociétés pré-industrielles et des avancées les plus récentes de l’écologie.
Enfin, une méthodologie empruntée au génie civil anglais me permet de partir d’un état des lieux exhaustif à un design complet, elle est souvent citée par son acronyme : OBREDIM (Observation, Bordures-limites, Ressources, Évaluation des besoins, Design, Implémentation, Maintenance).